LE GRAND CAHIER

D’après le roman d’Agota Kristof, paru aux Editions du Seuil. Adaptation, mise en scène et jeu : Valentin Rossier.

Voilà du théâtre, récit percutant et signifiant. Mais au fait, c’est quoi le théâtre ? Ici, c’est un comédien éclairé sobrement par Davide Cornil, accompagné d’une musique de David Scrufari qui nous plonge dans une ambiance sonore presque cinématographique.

C’est un texte dérangeant, nous racontant un voyage dans la violence banalement humaine de jumeaux, confiés par leur mère à leur grand-mère suspecte d’être une empoisonneuse dans une période de guerre. Ces anges de la mort vont subir la violence sexuelle des adultes. Ils témoignent de cette sauvagerie avant de devenir des vecteurs de celle-ci.

– « Vous connaissez donc les dix Commandements. Les respectez-vous ? dit le curé – Non monsieur, nous ne les respectons pas. Personne ne les respecte. Il est écrit “Tu ne tueras point” et tout le monde tue. » Rétorquent les enfants.

Sobrement interprété, le geste juste, la voix paradoxalement douce, le comédien suisse Valentin Rossier nous fait revivre intensément les différents personnages du roman : la mère, la servante, le policier, les enfants, etc. Il dit « Etre seul en scène, c’est rejoindre la solitude extrême de ces enfants à travers leur récit. » 

Il est bon de revoir du théâtre dans un quartier des Abbesses contaminé par les terrasses à chaque coin de rue. Ces terrasses semblent de plus en plus occuper le loisir des parisiens, au détriment des nourritures intellectuelles et spirituelles…

Venez donc au théâtre vous ne le regretterez pas.

La Manufacture des Abbesses – 7, rue Véron – 75018 Paris. Tél. : 01 42 33 42 03 public@manufacturedesabbesses.com

Jusqu’au 7 octobre. Dimanche à 20 h, Lundi, mardi et mercredi à 21 h.

https://www.manufacturedesabbesses.com/theatre-paris/le-grand-cahier/