Le Grand Théâtre de l’Épidémie,

D’APRÈS SOPHOCLE, CAMUS, CLAUDEL, IONESCO, SHAKESPEARE… CONCEPTION ET MISE EN SCÈNE CHRISTOPHE BARBIER.

Christophe Barbier le souligne, lorsque que l’on relit la pièce d’Eugène Ionesco « Jeux de massacre » créée en 1970 au théâtre Montparnasse dans une mise en scène de Jorge Lavelli, nous avons l’impression qu’elle a été écrite pendant le confinement.

Durant une heure quinze, il va être le passeur de textes dramatiques dit par Sylvain Katan et Pierre Val, ses deux partenaires de scène. Leurs jeux, très souvent exprimés à travers des masques de Commedia dell’arte, apparaissent trop accentués par rapport à la puissance de ces textes qui se suffisent à eux-mêmes. 

Le mérite de Christophe Barbier est d’avoir exhumé ces textes, mis en parallèle dans une belle cruauté, avec les comptes-rendus contradictoires de nos dirigeants politiques où de nos médecins médiatisés depuis cette pandémie. Des textes qui parlent d’épidémie, comme ceux de Copi dont « Une visite inopportune », « L’état de Siège » de Camus, « Le Rhinocéros » de Ionesco, et d’autres à découvrir. 

Dans une période où l’affection est devenue une infection, il est bon de redécouvrir l’humour noir de l’auteur tchèque Karel Čapek à travers des extraits de sa pièce Bílá nemoc (La maladie blanche) de 1937.

Antonin Artaud, qui est cité en ouverture du spectacle, peut conclure dignement cette folle farandole autour de la pandémie : « Le théâtre, comme la peste, dénoue des conflits, il dégage des forces, il déclenche des possibilités, et si ces possibilités et ces forces sont noires, c’est la faute non de la peste ou du théâtre, mais de la vie. De même que la peste, le théâtre est fait pour vider collectivement des abcès ».

N’oubliez pas de jeter un œil à quelques phrases affichées dans l’escalier de sortie de la salle. Recueillis par Anna Mezey auprès de personnes âgées d’un foyer à Bagnolet pendant le confinement, voici l’une d’elle,

« les masques roses de la pharmacie sont trop épais. On ne peut respirer, je me cache derrière les draps. Pendant la guerre on avait moins peur. »

Jean Couturier

http://www.theatredepoche-montparnasse.com/project/le-grand-theatre-de-lepidemie/