

Avant d’en venir au cœur du sujet, il faut en passer dans le nouveau roman de Camille Laurens par une première partie où le personnage principal sert de prétexte à une recension exhaustive des préjugés, discriminations et injustices subis de tous temps par les femmes. Intention louable, mais à peu près aussi neuve qu’un journal de l’avant-veille — pour le moins étrange d’écrire en 2020 comme si Annie Ernaux et Simone de Beauvoir n’avaient jamais existé. L’espoir renaît dans la deuxième partie pour mieux s’éteindre quand l’héroïne est victime d’un monstrueux complot (ourdi par des hommes, cela va sans dire), dont on épargnera ici le détail. Et la fille paraît dans la troisième et dernière partie. Alice vient au monde, grandit en taille et en beauté, mais refuse obstinément son identité féminine, se pense et agit en garçon au grand désarroi de sa mère. Qu’on se rassure, tout finit par s’arranger, Alice révèle son homosexualité et défile sous les bannières du Mariage pour tous. Ce que Fille aurait pu recéler d’authentique beauté se trouve ainsi étouffé par les plantes parasites de l’idéologie, l’art du roman cède la priorité à l’exaltation d’un progressisme dont il s’agit de cocher jusqu’à l’ultime case. La question du genre littéraire s’incline devant la question du genre tout court et, tel un ballon de baudruche, le livre se dégonfle au fil de sa lecture du moins respirable de l’air du temps.
J’aime beaucoup votre critique…
Merci !
BRAVO pour cette critique, cher monsieur Naulleau !
Cela fait penser au dernier roman ou récit de l’ineffable Chloé Delaume («Le Coeur synthétique»), qui se lamente que des quinquas comme elle ne suscitent plus le désir des hommes.
Les mêmes mâles méprisés selon la doxa soi-disant progressiste (sainte Imposture, reçois mes offrandes !)…que Delaume, fulminant contre son absence d’attractivité, qualifie de «couillidés»(sic -on pourrait écrire avec anglicisme: sick !) dans un périodique féminin qui prétend s’adresser à l’intelligence de ses lectrices.
Si on sait que l’intelligence, c’est penser à côté, un long chemin leur reste à parcourir…
Ce qui précède n’est pas une «défense du patriarcat», n’en déplaise aux imbéciles -un teme épicène !
CHRISTIAN NAUDIN