
The Q-Dance Company et Qudus Onikeku.
Ce spectacle nous emporte dans une époque d’avant la pandémie. On célèbre ici la joie, la tristesse, l’amour où le conflit en se touchant, en s’embrassant, en luttant, en dansant ensemble dans une union des corps, sauvage et communicative.
Autres temps autres mœurs, remercions le Centre Pompidou d’avoir relevé ce défi de faire venir cette troupe de danseurs urbains, fraichement débarquée de Lagos sous la direction de Qudus Onikeku. Création mondiale de 80 mn, la pièce constituée d’une succession de différents tableaux d’une grande beauté plastique, rythmée par la musique envoutante d’Olatunde Obajeun, jouée en direct, évoque le concept de réincarnation (naissance, mort, re-naissance). Ce mélange de danse urbaine et de hip-hop est le fruit d’un travail depuis plusieurs années de dix danseurs, les mémoires et les expériences corporelles personnelles de chacun d’eux ont nourri progressivement l’imaginaire du chorégraphe.
Pour cette création collective, les artistes ont choisi des costumes plein de couleurs et de folies. Nous découvrons un kaleidoscope de postures et de mouvements que chaque spectateur interprète selon sa sensibilité. Le tableau de l’arrivée des spectres marquera longtemps notre mémoire. La transformation finale de ces danseurs dont les corps seront recouverts d’une peinture noir goudron, impressionne.
Débutant comme un carnaval festif, la pièce se termine par une danse des ténèbres, faisant revivre des fantômes de tous horizons. Le théâtre est, par essence, un lieu favorable à la renaissance des âmes mortes. Cette expérience scénique crée un choc, peut-être équivalent à celui ressenti par Antonin Artaud au siècle dernier devant les indiens Tarahumaras. Il écrit en 1947 : « Et j’ai vu, sur les montagnes du Mexique, au-dessus de toutes les épreuves humaines luire les flammes d’un Grand Cœur Saignant. Pris, en montant, comme par le bras de la mer, je me suis vu rejeté hors du conforme inassuré des choses, et étalé tel que moi-même enfin, moi-même, dans la Vérité de l’Essentiel ». C’est pour cela aussi que le public revient hanter les théâtres depuis l’Antiquité. Autres temps, autres mœurs. Puissions-nous revivre bientôt ces moments uniques qui lient spectateurs et artistes dans une belle communion cathartique.
Jean Couturier
Retransmission exceptionnelle en streaming le 27 janvier 2021 à 19h sur le site du Centre Pompidou.
https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/JjAW7ck
DATES DE TOURNÉE :
4 MAI 2021, Espace des Arts – Châlon sur Saône
11 MAI 2021, Centre des Arts – Enghien-les-Bains 18 MAI 2021, Théâtre Paul Eluard – Bezons
22 MAI 2021, Théâtre Molière – Sète
25 MAI 2021, La Comète – Châlons en Champagne 27 MAI 2021, La Rampe – Echirolles
4 JUIN 2021, Les Halles de Schaerbeek – Bruxelles
8 — 9 JUIN 2021, La Biennale de Lyon – Le Radiant
15 JUIN 2021, Espace Sarah Berhnardt-Goussainville
17 JUIN 2021, Centre culturel l’Imprévu – St Ouen l’Aumône
20 JUIN 2021, Festival Afrolution – Berlin
30 JUIN 2021, Centre Pompidou – Paris
2 JUILLET 2021, Théâtre Rive Gauche – St Etienne du Rouvray
PHOTOS JEAN COUTURIER
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