
Rose, Josepha, Marinette et les autres… Pendant deux heures, nous allons suivre et vivre les destins croisés de ces femmes nées de l’imaginaire de l’auteure, à partir de faits réels concernant la création de l’équipe féminine de football du stade de Reims en 1968.
Pauline Bureau pose un regard tendre et complice sur cette aventure hors norme qui a amené ces femmes à jouer à New-York et à gagner la Coupe du monde à Taipei, dix ans après. C’est aussi un hommage à des femmes militantes syndiquées et/ou féministes naissantes qui ont permis l’évolution de la condition féminine jusqu’à aujourd’hui. L’une d’elle nous dit : « Ne pas vouloir être la femme que l’on croyait que l’on serait quand on était petite ».
Ce jeu de ballon, que le régime de Vichy avait interdit aux femmes en 1941, les réunis donc dans une belle épopée. Une autre nous écrit à la fin du spectacle : « Je souhaite à chacun de vivre une aventure, quelque chose qui, quand on le vit, redonne un sens à la vie ». A travers des vidéos projetées de cette équipe sur le terrain et de subtils changements de décors, nous suivons les fragments de vie de ces femmes confrontées aux réactions machistes des hommes, conjoints, frère, ou père et à l’accompagnement bienveillant d’autres hommes entraîneurs ou préparateurs physiques.
Après avoir interviewé les joueuses de l’époque, Pauline Bureau dit : « J’ai ressenti l’énergie, l’émancipation, l’émotion, le collectif ; j’ai donc raconté l’histoire de l’équipe avec ses grands moments d’une façon assez fidèle et en inventant tout à fait et totalement les parcours individuels des joueuses ». La notion de collectif domine cette histoire, une métaphore aussi de ce que peut être la création théâtrale, surtout en cette période troublée par les conditions sanitaires mondiales. Il faut courir voir ou revoir cette pièce de Pauline Bureau avec sa troupe « La Part des Anges » (beau titre de compagnie) jouée dans ce même lieu en 2019.
Jean Couturier