
Voilà un feu d’artifice théâtral qui, à peine né, est couvert d’éloges par le public et la critique

Tant attendue à la Comédie-Française depuis l’interruption dû aux conditions sanitaires, cette célèbre pièce explose les codes conventionnels auxquels le spectateur de la salle Richelieu est habitué.
Cette longue interruption a donné du temps aux artistes pour parfaire le travail de plateau. Exercice délicat, car le duo de metteurs en scène fait débuter le spectacle dans un décor sombre permettant la réalisation de séquences de théâtre noir parfaitement réglées par Pascal Laajili. Valérie Lesort et Christian Hecq ont décidé de faire « danser » une partie de ce décor mobile où chaque comédien est aussi à la manœuvre pour la régie plateau. Les artistes sont également manipulateurs de marionnettes, d’irrésistibles animaux créés par Carole Allemand et Valérie Lesort.
Imaginés par Vanessa Sannino, les costumes flamboyants tant par leurs formes que par leurs couleurs ainsi que la scénographie d’Eric Ruff, contribuent à la constitution de tableaux surprenants (pour la scène finale, Christian Hecq est coiffé d’un urinoir auréolé de rouleaux de papier toilette) et hors du temps.
Jouée en direct, une musique des Balkans de Mich Ochowiak et Ivica Bogdanic, impose un rythme élevé à cette création où l’on y reconnait parfois quelques airs de Lully. Avec soin, les metteurs en scène se sont attachés à tous les personnages de l’œuvre, y compris les laquais, tant au niveau du jeu des comédiens qu’au niveau des costumes.
La remarquable mobilité des personnage est un point commun aux mises en scène de Valérie Lesort et Christian Hecq. Chaque mouvement est « chorégraphié » et accompagne le mouvement des objets et accessoires, doués parfois d’une forme d’animisme… L’ensemble de la troupe joue juste, en équilibre entre les contraintes techniques imposées par cette farandole débridée et le jeu d’acteur. Le personnage de Monsieur Jourdain joué par Christian Hecq apparait touchant et fragile jusque dans la scène finale. Traversé par une mélancolie joyeuse et naïve, l’acteur est toujours aussi mobile et virevoltant, défilant sur un podium où dansant comme Louis de Funès dans la scène célèbre du film « Le Grand restaurant ».
Programmée pour la prochaine saison, l’institution va célébrer les 400 ans de Molière en 2022, cette pièce risque d’être jouée à guichet fermé pendant fort longtemps, il faut donc réserver le plus vite possible.
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