
Ce week-end clôture en beauté une très riche édition du festival « Paris l’été ».
« Fugue » est un solo de Yoann Bourgeois développé sur l’Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach, autour d’un trampoline et d’un escalier en bois qui ne mène nulle part. Le dispositif scénique est installé au milieu d’un petit étang créé par les artistes de Slava Polunin, une scène au milieu des arbres ajoutant une belle dimension bucolique à cette performance sensible et poétique. Un moment plein de sérénité et de délicatesse qui permet à Yoann Bourgeois de défier la pesanteur de nos vies. Voilà un spectacle hors cadre que les visiteurs du Moulin Jaune apprécient avant de s’engager dans la folie du Slava’s Snowshow, pièce mythique créée il y a presque trente ans par Slava Polunin.
Dans le monde entier, le public suit et redécouvre l’épopée des « Greens », un groupe de clowns verts, farceurs et gardiens d’un monde attachant et nostalgique, associés au personnage d’Assasaï le clown jaune solitaire et mélancolique. Autour du maître, les artistes du Moulin Jaune ont réussi un pari un peu fou : monter ce spectacle en plein air avec une vraie scène, les spectateurs sont assis sur des bottes de paille. Comme toujours, les rôles sont distribués par Slava au dernier moment. Cet après-midi-là, Slava est resté un spectateur attentif. Quel que soit l’endroit où se joue le show, les rôles sont régulièrement redistribués. Les artistes qui se transforment en clowns jaunes ou verts passent constamment d’un personnage à l’autre.
Nullement gêné par l’action qui se déroule sur scène durant le spectacle, un pigeon ramier construit son nid dans les cintres de la structure métallique éphémère, alors que des libellules slaloment au-dessus de la tête des spectateurs. Le petit train de la ligne Esbly/Crécy-La-Chapelle passe régulièrement derrière le plateau, alors que la régie ouvre le spectacle avec une ambiance sonore de gare. Ce Snow Show est un concentré d’émotions qui nous fait passer du sourire aux larmes, jusqu’à la tempête de neige finale, en plein été, sous le ciel bleu de Seine-et-Marne.
Afin d’alléger la sensation de cette fin apocalyptique, les comédiens invitent ensuite le public à retrouver son âme d’enfant. Artistes et spectateurs se renvoient des ballons géants multicolores au milieu de cette agora devenue un théâtre en plein air. Un plateau que nous aimerions retrouver à d’autres occasions futures, sait-on jamais ! En quelques années, le Moulin Jaune est devenu un lieu poétique et festif que tout amoureux du spectacle vivant se doit de découvrir un jour dans sa vie.
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