Le droit d’emmerder Dieu, Richard malka.

Cher Richard Malka,

Ce qui fut une plaidoirie historique est devenu un livre capital — j’affirme ici non sans solennité que nulle lecture davantage que celle du Droit d’emmerder Dieu n’est plus urgente, plus nécessaire, plus essentielle aujourd’hui. Parce que tout y est dit en peu de mots. Parce que vous y parlez avec la tête : « Le sens de ces crimes, c’est l’annihilation de l’Autre, de la différence », parce que vous y parlez avec le cœur : « Le temps qui passe, les contretemps, les renvois d’audience, l’indécence de certains, tout cela ne peut rien changer à la profondeur de notre chagrin. Celui d’être privé de l’intelligence, du talent, de la bonté et de l’humour de ceux qui ne sont plus. » Parce que vous faites justice de cette billevesée qui voudrait que le terrorisme islamiste nous frappe pour ce que nous faisons en Syrie ou ailleurs, quand il nous frappe pour ce que nous sommes, pour nos valeurs, pour notre mode de vie même, « parce que la France, précisez-vous, a une histoire particulière. Parce que c’est le premier pays au monde à avoir aboli le délit de blasphème. Parce que c’est ce pays qui a apporté au monde l’idée de libre critique de la religion. » Parce que vous y dévoilez, car ce sera une révélation pour beaucoup de lecteurs, que l’engrenage qui devait aboutir au massacre de Charlie repose sur une escroquerie, une escroquerie commise par des imams danois proches des Frères musulmans, lesquels ont rajouté trois caricatures à celles publiées par le journal danois Jylland-Posten, des caricatures piochées sur un site de suprémacistes blancs et qu’ils ont diffusées en toute connaissance de mauvaise cause dans le monde arabe avec les résultats que l’on sait. Toute ressemblance avec le mensonge de l’écolière qui prétendait avoir assisté au cours du malheureux Samuel Paty serait loin d’être fortuite. 

Parce que vous désignez les coupables et leurs complices : « A nous de rire, de dessiner, de jouir de nos libertés, de vivre la tête haute, face à des fanatiques qui voudraient nous imposer leur monde de névroses et de frustrations, en coproduction avec des universitaires gavés de communautarisme anglo-saxon et d’intellectuels, héritiers de ceux qui ont soutenu parmi les pires dictateurs du XXe siècle, de Staline à Pol Pot. » Et de faire un sort particulier à Emmanuel Todd, l’inventeur du catholicisme zombie. Aux crimes proprement dits commis par les porteurs de kalachnikovs ou de couteaux, vous ajoutez « le crime d’indifférence » et « le crime de complaisance active ». Et vous nommez aussi ceux qui ont soufflé sur les braises, de Jacques Chirac aux Indigènes de la République, de Robert Ménard à Jean-Luc Mélenchon, de Danièle Obono à Mehdi Meklat, du pape François à Virginie Despentes en passant par le NPA et Jean-Marie Le Pen. D’autres encore.

Parce que vous rappelez que « C’est à nous, et à nous seuls, qu’il revient de s’engager, de réfléchir, d’analyser et parfois de prendre des risques pour rester libres d’être ce que nous voulons. C’est à nous et à personne d’autre qu’il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire pour couvrir le son des couteaux sur nos gorges ».

Parce que vous nous donnez l’heure, il est très précisément minuit moins une : « C’est aujourd’hui qu’il faut se battre, aujourd’hui que cela se joue. »

Ce que je viens de lire, cher Richard Malka, vous l’aurez sans doute remarqué, est moins une Apostrophe qu’une bouteille lancée à la mer, dans l’espoir qu’un jour votre plaidoirie soit enseignée dans toutes les écoles de France et placardée dans tous les lieux où bat encore le cœur de la République.

Vous le dites vous-même, des attentats ont continué d’être commis pendant l’instruction et le procès de l’attentat contre Charlie et l’hyper casher, la jeune Mila dont vous êtes l’avocat est contrainte de vivre une non-vie faite de clandestinité, les valeurs dont vous vous réclamez dans Le droit d’emmerder Dieu sont combattues plus férocement que jamais par leurs ennemis idéologiques. Vos amis de Charlie, qui étaient aussi les nôtres, sont-ils morts pour rien ? 

Le droit d’emmerder Dieu, Richard Malka. Grasset

https://www.grasset.fr/livres/le-droit-demmerder-dieu-9782246825838

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