
Entretien avec Léna Bréban qui réalise sa première mise en scène à la Comédie-Française.
De quelle manière avez-vous été choisie pour cette mise en scène de « Sans Famille » d’après Hector Malot, qui se jouera au théâtre du Vieux-Colombier du 8 décembre au 6 janvier ?
Quand j’ai mis en scène « Verte » d’après Marie Desplechin, j’ai écrit à Eric Ruf en me disant qu’il ne viendra jamais. Il vient voir le spectacle, je le rencontre et je lui dis sans y croire, être partante pour travailler à la Comédie-Française. L’été 2019, je reçois un rendez-vous avec lui. J’avais dans ma tête un rêve : adapter « Sans Famille » pour le théâtre. Je lui explique ma motivation et l’on finit par trouver un créneau au Vieux-Colombier ! Quelqu’un qui vous fait confiance ainsi, cela donne d’un coup une force incroyable. A la sortie du rendez-vous, j’ai appelé Alexandre Zambeaux et nous nous sommes lancés tous les deux dans cette adaptation.
Pourquoi avez-vous voulu adapter ce roman de 600 pages ?
Ce roman a été un gros choc pour moi, cela réunissait tout ce que j’ai adoré dans mon enfance, je voulais être actrice et Rémi est un gamin qui passe de ville en ville en jouant, j’ai toujours rêvé d’avoir un singe comme dans le roman. J’ai aussi adoré ce voyage dans une autre époque. J’ai été adopté par mon beau père, quelqu’un de très important dans ma vie. J’ai rencontré également des gens qui ont joué un rôle de tuteur pour moi, qui permettent de grandir et de s’affirmer comme Jacques Livchine par exemple, où même Éric Ruf récemment.
Ont-ils été des éclaireurs pour vous ?
Oui, Jacques Livchine et Hervée de Lafond du Théâtre de l’Unité m’ont permis de jouer mon premier rôle dans Terezin en 1996. Jacques et Hervée m’ont appris un rapport au public différent, ils m’ont transmis la joie de faire ce métier. Avec Jacques, la vie était une aventure. Jacques m’a apporté énormément. Il me disait : « Il faut jouer comme si c’était la dernière fois ». Cette phrase, je l’ai mise dans la pièce, dans la bouche de Vitalis, artiste ambulant qui va « louer » Rémi, l’enfant adopté.
Comment avez-vous vécu la crise sanitaire pour cette première création à la Comédie-Française ?
Sur les répétitions de cette pièce, nous avons vécu comme le roman « Sans famille ». C’était rocambolesque. Deux fois, nous avons pensé jouer et cela a été annulé, il y eu des cas de Covid, on a dû changé des acteurs, etc. Le spectacle est resté longtemps en attente…
Comment s’est effectué le choix de vos comédiens ?
Il y a un mélange d’acteurs de la Comédie-Française et d’autres, comme Alexandre Zambeaux. Pour ceux de la Comédie-Française, j’ai émis des vœux et en fonction de tel ou tel disponibilité ou d’envie, cela se fait en accord avec Éric Ruf. Par exemple, Véronique Vella pour le rôle de Rémi où Jean Chevalier pour les rôles de Joli-Cœur et Mattia. C’est aussi un mélange de gens que l’on vous propose et que l’on voudrait avoir pour la pièce, le tout dans une période de Covid !
Que voulez-vous que le public retienne à la sortie de cette création ?
Je veux que les gens sortent du théâtre en ayant envie de retourner au théâtre.J’aimerais que l’on retienne que ce ne sont pas les liens du sang qui comptent, mais les liens de la vie, et les rencontres, comme dans le roman.
THEATRE DU VIEUX-COLOMBIER
SANS FAMILLE
d’après Hector Malot
Mise en scène Léna Bréban
Spectacle tout public à partir de 8 ans.
DU 8 DÉCEMBRE 2021 AU 9 JANVIER 2022
Dans un esprit burlesque mêlant émotion et humour, Léna Bréban s’empare du roman initiatique d’Hector Malot qui met en scène les aventures de Rémi, un orphelin sauvé par des rencontres qui l’aident à grandir.
Crédit photo : © Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française