
L’œil Présent: photographier le festival d’Avignon au risque de l’instant suspendu.
« Chacune de mes images est un effet de ce qui fut, un instant arrêté parmi beaucoup d’autres, mais qui s’offre comme un fragment incisif d’une immense fresque vivante, réinventée à chaque nouvelle édition ».
L’exposition dans le cadre de la 76 ème édition du Festival d’Avignon à la Maison Jean Vilar est prolongée jusqu’à mars 2023, une exposition incontournable à visiter pour tout amoureux du spectacle vivant. Nous l’avons rencontré au Cloître Saint Louis.
Qui a eu l’idée initiale de cette exposition?
L’idée est d’Olivier Py qui m’a proposé cette exposition il y a trois ans. Elle a été pensée pour la Maison Jean Vilar qui était en travaux, des travaux bloqués avec la Covid, d’où un décalage dans le temps. Cette exposition a été conçue, pensée et réalisée comme un spectacle, du coup elle a connu tous les bonheurs, les difficultés et les espoirs d’un spectacle. Il y a eu des compromis par rapport au budget et du point de vu technique aussi. Malgré tous ces aléas, cette exposition correspond à ce que j’aurai rêver.
Comment s’est combiné votre travail avec Pierre-André Weitz le scénographe d’Olivier Py et avec Laurent Gachet créateur scénique indépendant.
Le scénographe a eu certaines idées initiales, les pavés, le totem de photos de l’épilogue pour le backstage, combinées à mes idées, par exemple les photographies attachées et la table lumineuse qui regroupe tous les saluts. Laurent Gachet m’a aidé à mettre tout en œuvre à tous les stades, c’était mon autre regard pour cette exposition. Il n’a pas connu ma période du festival donc près de moi j’avais un regard neuf, ce que je voulais. Par exemple la façon de mettre les légendes qui spécifient l’heure, la minute et la seconde pour chaque image est son idée.
Que signifie le titre l’Oeil Présent ?
Cela symbolise la présence constante que j’ai pendant le spectacle, des répétitions, aux représentations et au backstage. J’ai eu une totale liberté dans ce travail, grâce à une confiance qui s’est constituée depuis plusieurs années, avec les artistes et les équipes de la technique.
Comment avez vous conçu l’exposition?
Je ne suis pas partis des images, il y en a trop, avec mille photos par jour, c’est impossible. Finalement je suis un auteur, j’ai voulu raconter une histoire avec des photos, à travers 5 actes. Je viens du théâtre de rue, ayant débuté aux côtés de Claude Bricage, puis j’ai travaillé pour le cirque. J’ai donc un autre rapport au public et à la salle, très utile pour le travail sur des lieux très différents du festival. Ce festival est devenu un peu ma maison. Je travaille aussi pour la Comédie Française qui impose plus de contraintes, les coulisses, le rapport aux permanents de la maison sont différents.
Dans cette exposition, il y a des images méconnues comme celles sous le plateau de la maquette de la cour d’honneur, où l’on découvre les dessous du « Roi Lear » mise en scène par Olivier Py et la pièce « Thieste » mise en scène de Thomas Jolly. Il y a également les photos de backstage. Un des moments de cette exposition que j’aime beaucoup est l’acte V intitulé : Réminiscences. on découvre la parole de spectateurs, artistes, techniciens qui font ressurgir un fragment de mémoire, un souvenir une émotion à jamais fixée sur le papier photographique.
Quelles sont les images qui sont les plus difficiles à faire?
Ce sont celles des spectacles qui vous touchent le plus, par exemple dans ce festival avec « Milk », où « le Moine noir », le metteur en scène prenant à mon avis très bien en compte les dimensions de la cour, où la pièce « Outwitting the Devil » d’Akram Khan en 2019 dans la cour d’honneur. Pour la cour d’honneur, il y existe de multiples possibilités de points de vue, ce qui donne une vraie richesse de création pour le photographe.

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